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Du climat à l’homme

Quel avenir pour notre climat ?

La question d’un réchauffement climatique global lié à un renforcement de l’effet de serre par les activités humaines se pose aujourd’hui d’une manière cruciale. L’une des voies pour identifier les origines de ce réchauffement est de se tourner vers le passé pour y rechercher les oscillations climatiques qui se sont développées à l’échelle de quelques siècles ou de quelques millénaires, en comprendre les mécanismes et en évaluer l’amplitude.

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Cette conférence présente les résultats récents livrés par l’étude des archives contenues dans les sédiments de grottes ou de lacs ou par les pollens depuis près de 2O millénaires. L’épaisseur de ces dépôts et les vestiges archéologiques qu’ils recèlent permettent une reconstitution assez précise des oscillations climatiques passées. L’interprétation de ces documents à la lumière d’autres collectés ailleurs, dans les glaces du Grand Nord ou au fond des océans, conduit à formuler des hypothèses sur l’histoire passée du climat de la Terre et sur son prochain avenir.

Pierre Bintz

Géo-archéologue, Maître de conférence honoraire de l’Université Joseph Fourier de Grenoble, Président de l’Association pour la Valorisation et la Diffusion de la Préhistoire Alpine (AVDPA).

La Préhistoire Alpine

Par Pierre Bintz et Jean-Jacques Millet, photos C. Bernard

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La recherche en préhistoire alpine explore les relations entre la montagne et les hommes à travers le temps et l’espace. Parfois fréquentée et exploitée, parfois abandonnée et désertée, les Alpes, dans ses diverses composantes, de vallées, de piémonts, d’avant pays, de massifs internes et de plateaux, ont fourni des zones de refuges ou des territoires riches en ressources diverses. Le milieu montagnard est un domaine particulier. Un monde en soi, avec ses règles, ses atouts et ses contraintes. Ses règles car le milieu dicte le rythme de vie en fonction des saisons, de l’altitude, du relief. Les ressources ne sont accessibles qu’à certaines saisons ce qui nécessite de faire des réserves animales ou minérales.

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Avant de mettre en scène la vie des hommes préhistoriques en montagne il faut planter le décor.

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L’altitude et la température déterminent différents étages de végétation qui sont aujourd’hui : l’étage des collines (jusqu’à 600 m, zone de feuillus de cultures et d’habitats), l’étage montagnard (600 à 1600 m, forêt résineuse et feuillue), l’étage subalpin (1600 à 2200 m, forêt résineuse), l’étage alpin (2200 à 3000 m, pelouses), et l’étage nival au-dessus de 3000 m, domaine des neiges éternelles. Ces limites sont valables pour le massif alpin sous climat tempéré. Durant les périodes glaciaires et postglaciaires, caractérisées par de fortes fluctuations climatiques, l’étagement de la végétation a connu de grandes variations pouvant aller jusqu’à 2000 m de différence par rapport aux limites actuelles. Ainsi pendant les périodes froides la vallée de l’Isère, située entre 220 et 250 m d’altitude, était couverte d’une végétation steppique que l’on trouve aujourd’hui au-dessus de 2200 m d’altitude. A l’inverse aux cours des périodes chaudes la limite supérieure de la forêt se situait vers 2500 m.

Ainsi l’environnement naturel, soumis à d’importants changements climatiques au cours de son histoire, a profondément marqué les cultures et les modes de vie des hommes préhistoriques. Le relief est un autre facteur important car il conditionne l’accès aux ressources exploitables. Il détermine les voies de circulation et de pénétration des massifs. Sur les parcours, qui nécessitaient de longues marches d’approche, des campements intermédiaires entre les camps de base situés en plaine et les camps d’altitude voués aux séjours saisonniers, étaient installés.

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Dans ses déplacements l’homme peut bénéficier d’abris naturels, en grottes ou en pied de paroi ou de blocs, particulièrement nombreux en pays calcaire. En l’absence d’abri il s’installait les campements en plein air. La présence de sources est un autre facteur important dans le choix des habitats surtout en pays calcaire où/car l’eau est rare. Alors pourquoi cet attrait des hommes pour la montagne malgré les contraintes ? Parce qu’elle permet une exploitation alternée et saisonnière des ressources animales et végétales entre plaine et montagne et offre des ressources en gibier et en matières premières minérales indispensables. Territoire de chasse, les massifs ont été parcourus dans tous les sens à la recherche d’un gibier abondant et varié, comprenant des espèces montagnardes telles que bouquetin et chamois en altitude, cerf et sangliers en moyenne montagne. En plaine c’est la chasse au renne et cheval qui est privilégiée pendant les périodes froides. La chasse à la marmotte, pour la viande et la fourrure, a été une activité marquante dans le massif du Vercors. La recherche de matières minérales pour la fabrication des outillages, telles que silex, roches dures, ocre, pyrite, quartz, représente sans doute la motivation première pour parcourir la montagne. Cette activité est toujours associée à la chasse ou la collecte de végétaux. Plus proches de nous, à partir du Néolithique, les pratiques pastorales offrent une nouvelle occasion de pénétration de la montagne à la recherche de pâturages comme en témoignent certains abris utilisés comme grottes bergeries.

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Espace de contraintes, la montagne est un domaine privilégié où se sont développée des économies de subsistance intense marquée fortement par les rythmes de la nature et la présence de ressources variées et complémentaires.

Premiers alpins, 50 000 ans d’aventure humaine

Après avoir été longtemps considérée comme terra incognita, la montagne alpine est devenue l’objet de nombreuses recherches concernant les premières occupations humaines. En effet depuis une cinquantaine d’années les découvertes, dans ce milieu hostile mais riche en ressources naturelles, se sont multipliées suite à la mise en œuvre de nombreux programmes de fouilles, de prospections et de travaux de laboratoire. Aujourd’hui les connaissances acquises, présentées dans le présent site web, autorisent un regard renouvelé sur la vie et les comportements des groupes humains, en relation avec un environnement fluctuant, qu’il s’agisse des chasseurs-collecteurs du Paléolithique et du Mésolithique ou des pasteurs-agriculteurs et artisans du Néolithique.

Les travaux des pionniers de la préhistoire des Alpes du Nord au début des années 1900 sont à l’origine de la découverte de sites majeurs. A partir des années 1960 et surtout 1970 les recherches connaissent un nouvel élan. Les fouilles de plusieurs gisements stratifiés en grotte ou sous abris de rocher notamment en Chartreuse et en Vercors, permettent d’établir une chronologie des étapes du peuplement humain en rapport avec les changements climatiques. Cette approche s’est faite grâce à une interdisciplinarité très fructueuse.

Parallèlement des campagnes de prospections sont entreprises en moyenne montagne et en altitude ainsi que dans les massifs internes. Elles ont permis la découverte de plusieurs dizaines de sites nouveaux.

A l’heure actuelle les préhistoriens cherchent à dépasser la connaissance du site pour une approche territoriale pour mieux comprendre les motivations des hommes, les contacts entre groupes, les échanges et les circulations, l’exploitation alternée entre plaine et montagne des milieux. La carte des principaux sites préhistoriques connus à l’heure actuelle reflète bien la richesse mais aussi l’inégale répartition des sites. Elle s’explique par des conditions de conservation pas toujours favorables mais aussi par des préférences que manifestent les préhistoriques par telle ou telle région. Par exemple la forte densité de sites du Vercors s’explique par la présence d’importantes ressources cynégétiques et minérales (silex notamment).

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Ainsi les résultats des recherches nous font revivre aujourd’hui cette formidable épopée des premiers alpins du Paléolithique moyen (vers -50000 ans) avec les premières incursions des néandertaliens jusqu’au Néolithique final (vers -2000 ans) où l’on assiste à l’installation de populations pratiquant l’élevage et la culture des céréales.